Les enfants finlandais sont-ils désormais les plus intelligents? Alors qu’ils ont très peu d’heures de cours et les pauses les plus longues?
Derrière ce titre un peu provocateur, voici un article que j’ai traduit pour vous librement du tchèque. Notre agence d’architecture s’intéresse à la pédagogie innovante. En effet, la manière d’enseigner influe directement sur la structuration des espaces que nous concevons. Il n’est pas non plus si étonnant que l’article a été publié dans une revue tchèque. Les tchèques comme les finnois s’intéressent beaucoup à la pédagogie moderne.
La pédagogie est enseignée depuis toujours comme discipline très sérieuse à la célèbre faculté de Philologie de l’Université Charles 4 à Prague.
Les tchèques vivent dans un petit pays comme les finlandais et ne sont pas non plus nombreux. Faute de richesse pétrolière ou de terres rares, voilà les pays qui ont l’habitude de valoriser surtout la compétence humaine.
Ou alors, c’est le héritage de Comenius, celui que Jules Michelet appela “Le Galilée de l’éducation”. Comenius est considéré par les tchèques comme le héros et le martyre exilé national.
Une petite parenthèse s’impose donc. Qui est Comenius ( Jan Amos Komensky) et quel lien avec le nord de l’Europe ?
Comenius fut un pédagogue protestant tchèque (morave en réalité) qui consacra toute sa vie à peaufiner sa théorie de l’éducation. Il considérait que la réforme de l’éducation était le seul remède valable à la crise culturelle que traversait l’Europe à l’époque de la Guerre de Trente Ans. Sa pensée utopique et atypique pour l’époque n’est finalement pas si périmée. Comment ne pas voir dans sa réflexion un parallèle avec notre époque.
Comenius, condamné en début de la guerre de Trente ans à l’exil éternel, voyagea partout en Europe pour mettre en pratique ses idées sur la pédagogie. Il a même réformé ainsi le système éducatif suédois!
Il est considéré comme le pionnier de la pédagogie moderne. Sa réflexion sur la manière d’enseigner, et en particulier l’idée que l’enseignant se doit “d’éveiller l’intérêt de l’élève” est très actuelle. Il préconise l’utilisation des images (le multimédia de l’époque!). Il défend le rôle des jeux (enseignement par le jeu est réhabilité de nos jours)et particulièrement des jeux de groupe. L’enseignant devait aussi encourager la participation des élèves. Nous sommes en plein dans le concept de l’enseignement actif. Il déconseille la punition corporelle pratiquée tout à fait naturellement à l’époque dans les écoles. Selon Comenius, la contrainte n’est pas nécessaire, car l’élève désire naturellement apprendre.
L’imprimerie ou l’Internet?
Les divergences irréconciliables avec René Descartes n’en font pas toutefois une figure populaire en France. Il a toutefois le mérite d’avoir compris vite que l’imprimerie permette de diffuser le savoir et ‘imprimer la sagesse dans les esprits’.
Nous rêvions aussi que l’Internet aurait un effet surtout bénéfique sur la diffusion de la connaissance. Mais nous n’avions pas anticipé des fake-news, la vague anti-démocratique et des thèses de complotisme variées, propagés plus vite que la connaissance. Comenius n’avait pas vu venir non plus la vague réactionnaire et la guerre des religions qui a suivi le développement de l’imprimerie.
Il a sans doute sous-évalué la capacité de l’homme à détourner toute invention géniale pour en faire aussi un instrument de propagande et un nouveau moyen de guerroyer. Il a payé cher en ayant eu droit à la punition à 360° : l’exil, la perte de sa famille, et même de sa bibliothèque. Avant sa mort, grâce à l’attaque des catholiques polonais, il perdit sa bibliothèque et tous ses travaux des vingt années précédentes en Pologne. Il est mort en exil à Amsterdam. Le sort des visionnaires n’est pas toujours enviable.
Revenons en donc au système éducatif des pays nordiques. Ces pays qui n’ont pas rejeté d’emblée l’héritage de Comenius. La Finlande suscite actuellement l’intérêt tout particulièrement. Voici en substance l’article écrit par la journaliste Zuzana Hronová en juin 2019 , traduit du tchèque. Il résume aussi une conférence des pédagogues finlandais en visite au Sénat à Prague.
La Finlande prend l’éducation scolaire très au sérieux.
Pour les finlandais, l’éducation serait un moyen de relever les défis de l’avenir et une condition fondamentale pour la survie de la race humaine. La profession d’enseignant au Finlande est extrêmement valorisée et recherchée, considérée au même niveau que le métier des avocats ou des médecins.
Comment se fait-il que, les Finlandais ont le nombre de cours le plus bas au monde, peu de devoirs et les pauses les plus longues, et pourtant ils figurent parmi les meilleurs du classement PISA? Les spécialistes du système éducatif finlandais ont fourni les réponses à la conférence au Sénat tchèque. Ils ont également réfuté quelques mythes, tels que la suppression des matières enseignées et de notations. Voici leurs principales” recettes”.
Les élèves sont l’avenir du pays
En Finlande, l’éducation et l’enseignement sont considérés comme une priorité absolue. Les Finlandais sont pleinement conscients de leur importance capitale.
«Les élèves sont notre avenir et celui de ce pays. Il est donc dans notre intérêt de leur fournir les meilleures conditions et de préparer le meilleur avenir pour eux-mêmes. Nous sommes également convaincus que les personnes constituent l’atout le plus précieux du pays.”
L’ambassadeur de Finlande à Prague, Jukka Pesola, a formulé ainsi la vision de base de l’éducation dans le pays aux mille lacs.
“Nous ne voulons perdre personne en Finlande, tout le monde a son potentiel”, déclare encore Anneli Rautiainen, directrice du département Innovation de l’Agence nationale finlandaise pour l’éducation.
Après tout, la Finlande était l’un des pays les plus pauvres d’Europe après l’indépendance de la Russie en 1917. Le pays a misé sur l’éducation en tant que domaine clé de la nation et de l’économie. Cette stratégie en a fait un leader européen de la technologie et l’un des pays où la qualité de vie est élevée.
L’objectif principal? Offrir aux enfants avant tout la confiance, la sécurité et le respect
L’éducation finlandaise donne d’excellents résultats selon les normes internationales. Mais, elle ne repose pas sur la recherche des niveaux élevés de connaissances, sur du bachotage et du perfectionnisme.
Les enseignants ont pour but d’éduquer les enfants pour qu’ils puissent s’insérer à la société à l’âge adulte. Ils basent l’enseignement sur la confiance mutuelle. Il enseignent de telle façon, que les élèves se sentent en classe en sécurité et respectés. Plutôt que des connaissances, l’école a pour but de leur donner des compétences utiles pour la vie.
“Ce n’est pas facile de suivre le rythme effréné du monde. Et nous ne savons pas de quoi le monde ressemblera dans le futur. Il est donc important de se concentrer sur la foi des enfants en leurs capacités et en leurs compétences.”
Susanna Bäckman, experte dans le système éducatif finlandais et ancien membre du département de l’éducation de Tampere précise.
“Il faut leur donner le courage de se lancer dans cette vie en mutation rapide”.
L’enseignant est une personnalité respectée et une profession reconnue
C’est un élément très important du “miracle finlandais”. L’enseignant jouit d’un immense respect, ce métier est le troisième le plus prestigieux et le troisième le plus populaire après celui de l’avocat et du médecin. Cela se reflète dans le salaire et la bataille pour les postes vacants dans les écoles. L’enseignant finlandais est une personnalité respectée, aussi bien par des parents que les élèves. Mais il ne se comporte pas de manière autoritaire, il représente ‘un guide’.
Bien sûr, l’enseignant est à son tour éduqué tout au long de sa vie. Il se perfectionne sans cesse. Les enseignants visitent souvent les autres écoles pour trouver l’inspiration. Ils établissent des réseaux avec des collègues du pays entier et partagent leurs expériences.
Trois adultes pour vingt élèves en classe
Chaque élève est unique et on considère qu’il a son potentiel spécifique. C’est l’une des bases fondamentales de cette éducation. Les enseignants s’efforcent d’adopter une approche individuelle pour chaque élève. Son rôle est de découvrir le point fort de chacun. Entre autres choses, cela ne signifie pas plus de 15 à 20 élèves dans la salle de classe. De plus, deux assistants travaillent au côté du professeur, pour un maximum du disponibilité de l’enseignant.
“En fait, près de trois adultes sont dédiés à une classe”, explique Aka Luhan. “Dans les classes spéciales, les adultes sont parfois plus nombreux que des enfants”, ajoute un professeur, qui a travaillé dans des écoles pour enfants ayant un handicap grave.
Le financement de l’éducation est partagé : environ un quart des dépenses est assumé par l’État, le reste par la ville. “Lorsqu’un matériel coûteux est nécessaire pour un élève, il est immédiatement disponible “.
L’inclusion, l’école est pour tout le monde
En Finlande, l’inclusion de tous les niveaux d’élèves au sein de la même classe est la règle. Elle peut s’appuyer sur la mise en œuvre des moyens satisfaisants et un petit nombre d’élèves en classe. Les classes spéciales ne concernent ainsi que les élèves ayant un handicap mental ou physique grave.
Marika Päivärinta-Guinard, enseignante de mathématiques à l’école élémentaire Kannuksen lukio à Kannus, explique sa démarche.
“Nous avons une approche individuelle pour tout le monde. Ils font globalement tous la même chose, mais à différents niveaux d’exigence. Dans les cours de mathématiques, par exemple, je donne quelques exercices plus simples aux plus faibles”.
Enseignante finlandaise à l’école primaire Takalo-Raasakan Koulu à Kannus, Sari Jylhä décrit sa pratique, en lecture obligatoire.
“Je vais donner aux élèves faibles un livre mince et un sujet simple. Je leur demande ensuite les informations de base – qui a écrit le livre, le sujet et ce qu’ils pensent du livre. Ceux qui sont au-dessus de la moyenne lisent un livre plus volumineux et écrivent un essai de réflexion sur le sujet “.
L’enseignant pratique également beaucoup de travail de groupe. Grâce à une équipe élargie, il a le moyen d’organiser et d’animer les groupes de travail. Par conséquence aussi mieux conseiller et prendre en charge les élèves plus faibles.
L’éducation est totalement gratuite
L’une des valeurs fondamentales de la Finlande est l’égalité d’accès à l’éducation. Par conséquent, l’enseignement primaire, secondaire et supérieur est gratuit. Des fournitures scolaires sont gratuites, ainsi que des déjeuners, des services psychologiques ou de santé dans les écoles primaires et secondaires. Les universités offrent une nourriture à prix abordable, des réductions sur les transports, le logement et des services médicaux.
La mauvaise réponse est la meilleure
Les enseignants finlandais s’accordent pour dire que la mauvaise réponse proposée par un élève est très utile.
“Honnêtement, la bonne réponse ne vous donnera pas plus de matière à exploiter. En revanche, la réponse erronée vous indique ce qui est souvent difficile à comprendre pour les élèves. Elle pointe leurs faiblesses ou ce que vous n’avez pas bien expliqué”. Voilà la logique expliquée par un ancien membre du Département de l’éducation de Tampere, Susanna Bäckman.
Les enfants apprennent beaucoup plus d’une mauvaise réponse que d’une bonne! Grâce à une réponse erronée, l’enseignant peut bâtir une discussion et recommencer le processus explicatif. L’élève révèle généralement lui-même l’erreur lors de cette réflexion.
Ne pas embarrasser les élèves, ne pas punir. L’élève ne doit pas avoir peur de risquer une mauvaise réponse.
Cette approche d’acceptation de la mauvaise réponse est liée intimement à l’effort de créer un environnement de confiance. L’élève est ainsi encouragé pour prendre les risques et à répondre, même s’il n’est pas sûr.
“Si nous pénalisons les enfants pour une erreur, ils n’oseront rien dire”, explique Marika Päivärinta-Guinard, enseignante en mathématiques. “La réaction de type “c’est une mauvaise réponse” est embarrassante et humiliante pour l’élève. Je n’utilise pas du tout de telles phrases dans les cours de mathématiques. Je demande plutôt: ‘Comment as-tu procédé pour nous proposer ce résultat?’ ou ‘Pourquoi avez-vous procédé ainsi ?’ Dans une discussion , nous obtenons ensuite rapidement la bonne solution. L’élève corrige généralement son erreur lui-même.”
Nous comparons et rivalisons moins, nous coopérons plus
Les écoles finlandaises ne sont pas obsédées par la mise en concurrence entre les élèves ou la comparaison de résultats. Ils essaient d’amener les enfants à coopérer et à communiquer.
“Les élèves travaillent en binôme ou en équipe à tout moment. Ils apprennent à s’entraider”, déclare Susanna Bäckman.
Elle ajoute que ceci correspond aux valeurs de coopération de la société, en effet, plus utiles que la rivalité.
Les élèves apprennent des “valeurs”
L’ensemble du système éducatif finlandais repose sur les idéaux et les valeurs humaines. Anneli Rautiainen, directrice du département Innovation de l’Agence nationale finlandaise pour l’éducation, dit que le programme éducatif commence par une discussion autour des valeurs communes. Aucun parti au pouvoir ne contestera en Finlande les notions suivantes: la justice, la confiance, l’humanité, l’égalité ou le développement durable.
Adopter ces valeurs est privilégié à l’apprentissage des connaissances. Car, ceci contribue au maintien et au développement de toute la société. Mémoriser les données sur l’histoire sera au fond moins utile que d’avoir la compréhension commune de l’importance de valeurs communes. C’est vrai pour exercer tout type de métiers.
Nous évaluons, mais ceci n’est pas considéré comme clé
L’un des mythes à propos de l’éducation finlandaise est qu’il n’y a pas de notes. En réalité, il existe un système de notation, mais l’accent est mis sur l’évaluation verbale qui cerne davantage l’individualité de l’élève. Les notes sont également moins formelles, établies en fonction des paramètres de chaque école. Par exemple, si elles se situent entre 1 et 5, le 5 est parfois la meilleure et parfois la plus mauvaise note. Ailleurs encore, l’école va noter en points entre 4 à 10.
Parce que les notes ne sont pas considérées comme un sujet clé pour l’éducation en Finlande, les enseignants les utilisent d’ailleurs assez peu. Ainsi, les élèves font rarement des exercices notés.
Nous l’avons vu, l’enseignant est considéré comme un guide plutôt qu’un “évaluateur”. Son rôle consiste à guider les enfants dans leur cheminement pour être capable de mener une vie d’adulte autonome. Le but est de leur donner les compétences individualisées et de développer la confiance en leur capacités. En d’autres termes, on va se soucier des forces de l’élève pour les développer au lieu de pointer sans cesse ses faiblesses.
En Finlande, il existe une nomenclature de matières enseignées, mais le cadre est souple
Un autre mythe courant est que les Finlandais ont supprimé les matières scolaires. Pourtant, en Finlande, nous trouvons bien les cours de finnois, de mathématiques, de géographie, de physique, de chimie, de biologie, de langues étrangères, d’histoire, d’éducation physique et d’art. Outre ces matières classiques, est enseignée une deuxième langue nationale (ceux qui parlent finnois, apprennent le suédois et vice-versa). Ensuite, nous ajoutons à cela les études environnementales, les sciences de la santé, les sciences sociales, la religion et l’éthique. Chacun étudie sa religion, les enfants sans religion ont le cours de l’éthique. L’artisanat, les travaux manuels ou l’économie domestique sont également enseignés.
Cependant, les frontières entre les matières ne sont pas rigides. Les enfants apprennent à penser de manière interdisciplinaire.
L’accent principal n’est pas sur la connaissance d’un sujet, mais sur les compétences utiles dans la vie. Ainsi, l’enseignement des matières classiques est souvent alterné avec l’enseignement de ce qu’on appelle ici des “phénomènes”.
En d’autres termes, du lien avec les sujets sociétaux importants tels que l’écologie, l’énergie, les médias, la technologie ou encore l’Union européenne. Les élèves travaillent sur des projets multidisciplinaires et se familiarisent avec l’interdépendance des sciences et des différentes disciplines.
La numérisation et l’enseignement
Les Finlandais sont parmi les plus avancés au monde en termes d’enseignement digital. L’utilisation de la technologie numérique dans la pédagogie est omniprésente.
De nombreuses écoles du monde ont compris la numérisation comme l’intégration d’un projecteur interactif en classe. Les élèves finlandais disposent de leur tablette personnelle et surtout de nombreux tutoriels et contenus interactifs.
Au lieu d’apprendre par cœur dans l’école, ils apprennent à chercher, à traiter et à analyser. Et souvent à créer et à publier eux-mêmes . Par exemple, en créant des présentations multimédias, en écrivant un article pour un magazine scolaire en ligne ou en produisant une chanson. Les écoles organisent également des vidéoconférences avec les meilleurs experts du domaine.
Les ‘enseignants’ de la numérisation sont souvent les étudiants eux-mêmes. L’école désigne parmi eux des “agents de numérisation”.
La fin de l’écriture manuscrite?
La numérisation a tellement progressé que l’écriture manuscrite est presque supprimée dans de nombreuses écoles finlandaises. Elle est remplacée par la saisie sur le clavier. Le manuscrit est considéré comme un anachronisme qui ne serait plus utilisé demain dans la vie quotidienne. Certains objectent en rappelant que le manuscrit améliore la motricité des enfants. La motricité fine est en revanche développée davantage dans des cours de travaux manuels et des ateliers d’art, très bien équipés.
Peu d’heures de cours, peu de devoirs, de longues pauses
Les Finlandais figurent régulièrement au sommet du classement international PISA, à l’instar des Sud-Coréens. Cependant, la Corée doit sa réussite au travail ardu, une présence à l’école du matin au soir, avec les exercices impitoyables et de nombreux devoirs. Les Finlandais font exactement le contraire.
“Nous enseignons le minimum de temps, mais de manière plus efficace”, expliquent les professeurs.
Il y a peu de cours par jour (cinq au maximum). Tandis que les pauses sont parmi des plus longues – elles durent souvent une demi-heure. Les élèves jouent à l’extérieur par tous les temps.
“Immédiatement, ce qui vous frappe lorsqu’on visite un établissement finlandais, c’est la paix et la tranquillité absolue”. C’est le témoignage de professeurs tchèques qui travaillaient dans le nord de la Finlande. “Ce sont ces longues pauses d’activités en plein air qui en sont l’une des causes.”
En revanche, un documentaire sur le système éducatif sud-coréen , Touch Heaven, montrait les écoliers de ce pays déprimés et éternellement fatigués. Ces élèves n’ont pas le temps de vivre normalement et se suicident même à cause de l’échec scolaire. Les élèves finlandais sont pleins d’énergie et aiment généralement aller à l’école.
“Oui, cela peut paraître étrange, mais les enfants chez nous apprécient l’école”, a déclaré Sari Jylhä, enseignante d’école primaire à Takalo-Raasakan Koulu à Kannus. “Et nous aimons aussi beaucoup enseigner. Le lundi est une belle journée – l’école commence”, sourit-elle.
École en mouvement
Selon Anneli Rautiainen, directrice du département Innovation de l’Agence nationale finlandaise pour l’éducation, le projet School on the Move est l’une des meilleures pratiques de la réforme de l’éducation.
Deux heures d’entraînement physique par semaine sont largement insuffisantes. L’enfant a besoin d’une activité physique quotidienne.
Une longue position assise sur les bancs paralyse et ne donne pas envie d’étudier. Ainsi, en plus des longues pauses d’activité en plein-air, la réforme a également modifié les classes dans leur aménagement. Souvent, les salles de classe ne sont plus équipées de bancs et de chaises classiques. On y trouve divers tabourets, oreillers, mais aussi des balles rebondissantes ou des balançoires.
Par exemple, lorsqu’un élève ne peut pas se concentrer sur un exemple mathématique, les enseignants lui permettent de compter assis sur une grosse balle et en mouvement. Les enfants ont également la possibilité de se balancer.
Nous avons tous entendu nos enseignants crier : ‘Ne vous balancez pas!”. Les enseignants nous confisquaient aussi les balles de caoutchouc anti-stress. En Finlande, on les propose aux élèves.
(A ce sujet: vous pouvez également consulter une vidéo sur l’aménagement mobile de la classe : https://youtu.be/yti7CVidqG4
Le directeur et l’inspecteur sont des supports, pas des autocrates
Dans de nombreux pays, le directeur d’établissement est davantage perçu comme un chef qui divise les tâches et pénalise l’enseignant en cas de leur non-exécution. Tandis que les inspecteurs d’école sont souvent associés à un “embêtement” inutile, une bureaucratie absurde. Une institution qui se délecte de la recherche d’erreurs et excelle dans la production de la “paperasse”.
“En Finlande, le directeur est considéré comme un support d’enseignant. Lorsqu’un enseignant a un problème, il va prendre simplement le café avec son chef d’établissement. Il discute avec lui pour trouver comment résoudre la situation, explique Susanna Bäckman. “Parler de son problème n’est pas perçu comme un échec, mais plutôt comme une communication ouverte et exemplaire entre les enseignants et la direction de l’école.”
L’approche des inspecteurs d’école diffère également. “Le rôle de l’inspecteur n’est pas de donner des tâches supplémentaires, de faire remplir des papiers inutiles ou de harceler avec des principes de pédagogie.
Son rôle est de demander: ” De quoi avez-vous besoin? “. ( Anneli Rautiainen de l’Agence nationale finlandaise pour l’éducation)
Le niveau préscolaire prépare pour l’école et il n’ y a pas de redoublement
À l’âge de neuf ans, les enfants commencent à suivre une scolarité obligatoire de neuf ans. Exceptionnellement et après avoir passé les tests, ils peuvent aller à l’école un an plus tôt ou un an plus tard. Cependant, le jardin d’enfants les prépare très soigneusement à l’école, ce n’est pas seulement une garderie.
A l’école primaire, l’enfant ne peut pas redoubler. Mais à la fin de la scolarité obligatoire, les élèves les plus faibles peuvent continuer dans une dixième année. Les élèves ayant des besoins spéciaux peuvent également passer en onzième année.
On apprend aussi dans les couloirs
Les couloirs des établissements constituent un lieu remarquable pour pratiquer la pédagogie individualisée. Ils sont pleins de recoins aménagés avec des sièges variés. En outre, ceci permet à un assistant ou à un pédagogue de quitter la classe à tout moment avec un élève pour une explication personnalisée.
Le pédagogue passe par exemple un moment avec un élève fort qui souhaite en apprendre davantage. Il est possible de discuter tranquillement dans le couloir, afin de ne pas déranger la classe qui continue le travail à son rythme. Ces petits groupes ‘à part’ sont visibles partout dans les écoles finlandaises pendant les cours classiques en classe.
Les enfants vont dans les écoles de proximité
“Vous ne pouvez pas en tant que parent en Finlande faire le “tour du système scolaire”. Nous préférons les zones de recrutement de proximité.
Nous affirmons que les enfants seront plus satisfaits dans une école en restant proches de leur maison”, a déclaré Anneli Rautiainen.
Cette approche semble rigide, mais l’expert explique que les normes du système éducatif en Finlande sont élevées partout. La recherche de la qualité est valables dans la plus petite classe située dans une zone éloignée des grandes villes.
En raison du nombre important d’enseignants, l’enseignement y est donc de qualité et comparable à celui des grandes villes. Les familles finlandaises ne recherchent pas ainsi les “meilleures” écoles. Les enfants vont tout simplement à l’école la plus proche de leur maison.
Les enfants finlandais ne sont sans doute pas plus intelligents que les enfants des autres pays, mais le système éducatif semble l’être. Ce n’est pas non plus un hasard que nos plus belles inspirations en architecture d’enseignement viennent souvent du nord de l’Europe.