Les façades aux normes thermiques, une opportunité ou une contrainte?
Depuis une dizaine d’année, l’exigence en matière d’économie d’énergie conduit à renforcer l’isolation thermique des bâtiments. Il est intéressant d’observer les évolutions des technologies qui affectent les façades thermiques.
Le bâtiment n’est évidemment pas un simple container isotherme. Par conséquent, ce qui nous intéresse ici est d’analyser les possibilités offertes par les innovations des industriels. Ces inventions sont une opportunité pour ajouter à la nécessité d’économie thermique, une nouvelle esthétique architecturale.
De nombreuses solutions éliminent les problèmes de déperdition dues aux ponts thermiques (transmetteurs de froids et de condensation). Bien entendu, pour résoudre la problématique de l’isolation, la réflexion concerne l’ensemble des techniques : la maçonnerie, le béton armé, l’ossatures du soubassement à l’acrotère, passant par les ébrasements. Elle affecte la mise en œuvre des bardages, des isolants et la pose des menuiseries.
Les possibilités esthétiques de façades thermiques en construction neuve ou rénovation ne sont pas toujours comparables.
En rénovation, même si le bâtiment n’est pas limité par les contraintes historiques et la préservation de style, le recours à l’isolation externe est souvent impossible. Généralement, c’est à cause des budgets trop limités. Nous devons recourir trop souvent encore à une isolation interne.
La construction neuve ou une rénovation avec une vision économique à plus long terme, donnent un plus grand espace de liberté. Il est donc plus facile de respecter les contraintes thermiques sans sacrifier les volontés esthétiques.
De nombreuses possibilités de finition peuvent être citées pour les couches visibles d’habillage des isolants, variant ainsi les aspects extérieurs. Nous sommes désormais libérés du traditionnel aspect béton gris et crépi.
Les façades thermiques et les inspirations , presque infinies :
- Brise-soleil tubulaire
- Bardage métallique
- Bardage aluminium, panneaux composites en aluminium
- Lasure sur béton et tôle perforée
- Briques vernissées
- Mailles spiralées
- Façades en loggias et menuiseries pour loggias
- Tôle à ondes variables
- Tôles sinusoïdale laquée.
- Tôle nervurée en acier, en aluminium, en inox ou en cuivre
- Façades en verre sérigraphié
- Lasure sur béton
Il faut noter que les industriels ont largement contribué à élargir la gamme de solutions. Et c’est le cas tant en termes de matériaux, de coloris que de matières pour permettre une expression de créativité. Rien ne justifie de concevoir de manière monotone les façades et de favoriser le « béton-crépi ». Le frein est donc souvent plus lié au budget, au manque d’imagination des concepteurs ou à la volonté des commanditaires de coller à la mode du voisinage.
Voici quelques cas particulièrement intéressants à analyser :
1. Mur-rideau à double peau avec des résilles de tubes d’aluminium laqué à effet anodisé. Une peau changeante, presque flottante qui jouent avec les lumières et crée des effets de moirage
2. Double mur béton-terre cuite : un revêtement de brique fixé sur la paroi de béton protégeant l’isolation thermique. Les teintes de briques varient et apportent des variations tout en subtilité.
3. Loggias protectrices en verre : les cursives protectrices apportent une isolation thermique et phonique et créent une façade transparente. Il a été important d’intégrer les stores thermiques réfléchissantes permettant de tempérer ‘l’intensité lumineuse.
4. Double façade en verre ventilé : une luxueuse façade qui dissimule une double façade ventilée, la paroi intérieure est composée de mélèze. La peau de verre extérieure fine est soulignée par les grilles filantes des entrées d’air. La très fine peau extérieure est particulièrement transparente.
5. Pierre calcaire et brise-soleil orientés : le parement posé comme une peau sur la charpente métallique, les blocs de pierre calcaire au dessin prismatique, permet une façade ventilée, ajourée, un véritable brise-soleil minéral pour ce projet de Renzo Piano à l’île de Malte.
Et le bardage de bois ? Quoi de neuf ?
En France, au pays des maçons, le savoir-faire bois des concepteurs et des constructeurs étaient souvent insuffisant. En tout cas, le bardage bois classique passait également difficilement les épreuves de temps sans une altération importante de l’aspect final. De ce fait, il n’avait pas toujours un accueil favorable.
Pourtant, de nouvelles techniques permettent de pérenniser le bardage en bois.
Il s’agit de plusieurs produits comme les nouveaux bardages à clins, assez typique des constructions aux Etats-Unis. Ou alors, des techniques japonaises du bois brûlé, des bois traités, des matériaux autoclavés et imprégnés comme en Scandinavie. Dans ce domaine également, plusieurs technologies intéressantes viennent renouveler les perspectives créatives . Grâce à ces innovations, le bardage suscite un regain d’intérêt.
La démarche classique est une structure composée de panneaux de CLT, assurant une inertie thermique, complétée de la laine de bois (35 mm par exemple), sous le bardage en fine lames de mélèze pré grisée ou naturels.
Voici d’autres possibilités :
Façade thermique réalisée en clins de résineux imprégné d’acide :
Une démarche plus récente sont des structures en béton avec ossatures en bois et revêtues d’un bardage en clins de Kébony. Il s’agit d’un bois de résineux imprégné d’acide furfurylique. C’est une substance naturelle végétale qui lie en réalité la structure cellulaire du bois. Ainsi, elle offre une alternative aux bois tropicaux.
Développée en Norvège, cette technologie brevetée Kebony utilise un procédé respectueux de l’environnement. De plus, elle améliore de manière permanente les propriétés du bois résineux durable avec un liquide bio-sourcé dérivé de déchets agricoles. Le bois ainsi traité gagne en durabilité et en stabilité dimensionnelle, résiste à l’usure, aux intempéries . Et pour finir, il ne nécessite aucun entretien au-delà du nettoyage normal.
Pour en savoir plus sur la technologie Kebony : https://kebony.com/fr/content/technologie/
Bardage de bois brûlé comme façade thermique:
Le bois de façade en bardage de bois brûlé assorti d’une forte isolation thermique protège l’édifice des intempéries. Cette technique du bois brûlé est héritée des traditions japonaises du Shou-sugi-ban. Ainsi par exemple, l’habillage Douglas est composé de lames fines à surface noire et craquelée qui joue avec des rayons de soleil. Le même revêtement peut être aussi laissé blond et naturel. Par exemple pour le traitement des sols et intérieurs.
Peu importe la technique adoptée, il est désormais plus facile d’envisager un certain retour d’ornement et d’esthétique en construction. Il est intéressant d’exploiter de manière créative de nouveau matériaux tout en respectant les normes thermiques.
Quelques industriels:
TOLARTOIS : http://www.tolartois.fr/
ARCELOR Mittal : http://ds.arcelormittal.com/construction/arval-projects/language/FR
Maille-métal design : https://www.maillemetaldesign.fr/site-web/
Rairies Montrieux, la brique de parment, façade ITE : https://www.rairies.com/facade-ite/
Lasures kubik’O Sylver de la Seugneurie ou Pieri (GCP Applied) , teintes Teasual
Guardian, fabricant de verre : https://www.guardianglass.com/france/GuardianGlass/index.htm
Groupe Isosta :http://www.groupe-isosta.fr/fr/p/tim-composites-notre-expertise/
Tata Steel (Kalzip) : https://www.tatasteelconstruction.com/en_GB/Products/Building-envelope/Materials-and-finishes